Homélies

Être transfiguré, c’est rayonner de l’intérieur vers l’extérieur, voilà une réalité qui arrive dans des moments importants…

Comme une mère après son accouchement qui oublie toutes ses souffrances en voyant son enfant avec tous ses morceaux!

Ou un père qui, pour la première fois entend son enfant dire Papa!

Ou des grands-parents que parfois plus personne ne touche, et dont les petits-enfants sautent dans les bras!

Ou encore voir une personne mourir sereinement et voir son visage s’apaiser. On raconte que Kateri, cette amérindienne reconnue comme sainte, avait une maladie bénigne de la peau du visage, mais qu’au moment de sa mort, selon un des pères qui l’accompagnait, toute trace de maladie est disparue et son visage était illuminé.

On pense aussi à des signes extraordinaires lorsque par exemple Bernadette Soubirous qui a vu la Belle Dame à Lourdes, celle dont elle a dit, « elle me parlait avec humanité », Bernadette donc que l’on a exhumée trente ans après sa mort fut découverte intacte dans son tombeau et repose encore intacte à Nevers dans une chasse, et cela depuis cent ans sans aucune trace de dégradation!

On a beau être de son temps et sceptique, il faut quand même accepter la vérité des faits, à défaut d’y voir des signes divins. En tout cas, pour ma part, je ne crois pas qu’on me déterre un jour…

En parcourant le récit de l’Évangile, on se rend compte que la transfiguration succède à l’annonce par Jésus de son rejet, de la haine que l’on manifestera contre lui, de sa mort et de sa résurrection le troisième jour. On se souvient que Pierre avait dit à Jésus que cela ne lui arriverait pas. On se souvient aussi de la réponse de Jésus : Arrière Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes!

Et là Jésus les amène à l’écart (Pierre, Jean, Jacques) comme s’il avait  des reproches à leur faire, mais c’est pour leur montrer quelle est la condition de l’homme qui traverse la mort. Son visage est comme un soleil, ses vêtements comme la lumière. Jésus avait dit : «  Les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume du Père. »

Dans une vision, Moïse apparait avec Élie auprès de Jésus. Moïse représente la Loi, Élie la violence de son application. Voilà sans doute ce dont les apôtres rêvent : un messie avec la stature de Moïse et la violence zélée d’un Élie.

La fête des tentes est cette fête juive qui dure une semaine et rappelle ce moment où les Juifs furent des nomades dans le désert pour fuir le pharaon et leur condition d’esclaves. À Montréal, on a des images de ces familles juives d’Outremont qui font des cabanes sur leur balcon pour commémorer cet événement fondateur de leur foi. On croyait à l’époque de Jésus que le Messie arriverait pendant cette fête, d’où la suggestion de Pierre de dresser trois tentes, une pour Jésus, une pour Moïse et une pour Élie.

Pierre, ce disciple qui nous représente dans notre lenteur à accepter l’inacceptable, c’est-à-dire un messie crucifié, persiste à mettre Moïse au centre, flanqué de Jésus et d’Élie. Pour Pierre c’est Moïse le personnage principal, mais il est interrompu par Dieu lui-même qui dit : « Celui-ci est mon Fils en qui j’ai mis ma joie, écoutez-le ».

Comme on dit d’un garçon que c’est bien le fils de son père, tant il lui ressemble, ainsi en est-il de Jésus : quand on le voit on voit le Père. Cette révélation assomme les apôtres, ils s’écrasent à terre, mais Jésus les touche et les relève. « Soyez sans crainte », dit-il. Mais eux cherchent encore Moïse et Élie, «  ils ne voient plus personne, seulement Jésus, seul ».

Comme eux, nous sommes questionnés. Jésus nous suffit-il? Voyons-nous vraiment en lui le Fils? Malgré son rejet, la haine qu’il suscite et sa croix? Allons-nous refuser la grâce de Dieu par peur de la croix alors que Jésus nous montre que celle-ci est transfiguration?

Comme le souligne Paul, avec la force de Dieu, allons-nous prendre notre part de souffrance dans l’annonce de l’Évangile?

Ne faut-il pas alors faire comme Abraham (première lecture) qui partit sur ordre de Dieu, sans savoir où il allait. Ainsi en est-il de nous. Suivre Jésus, c’est ne pas savoir quelle croix nous allons rencontrer, mais c’est quand même être certain que, de celle-ci, une transfiguration adviendra.

de Luc Bouchard, prêtre 
Deuxième dimanche du carême année A

Depuis quelques semaines, après la messe, la petite Chelsea, me demande régulièrement la question suivante : pourquoi Jésus est mort sur la croix?

Voici donc ma réponse que je ne lui ai pas encore transmise mais qui, je l’espère, lui donnera de bonnes raisons de faire confiance en Jésus.

Jésus a dit et fait des choses que certaines personnes importantes n’ont pas aimées, alors ils ont cherché à l’éliminer plutôt que de changer leur cœur et leur comportement.

Comme dit le proverbe, « quand on n’aime pas le message, on élimine le messager. »

Par exemple :

  • Jésus a dit que l’amour de Dieu pour nous ne se mérite pas. Dieu ne nous aime pas parce que nous sommes gentils, c’est parce qu’il nous aime que nous devenons gentils. Alors certaines personnes sont devenues très fâchées contre Jésus. Pour elles, il s’agit de mériter l’amour de Dieu pour nous tandis que pour Jésus il faut accueillir cet amour.
  • Jésus a dit que Dieu était le père de tous les humains et certains voulaient que Dieu ne soit que leur père à eux et pas aux autres, alors ils ont devenus très fâchés contre Jésus.
  • Jésus a dit que l’abondance des richesses ne servait à rien pour être un vrai homme ou une vraie femme, qu’il ne faut pas juger sur de fausses valeurs, mais sur le cœur des personnes et leur engagement pour les autres. Certains sont devenus très fâchés parce qu’ils croyaient que la puissance de l’argent était un des grands signes de la bénédiction de Dieu.
  • Jésus a aussi donné comme modèle de vie, les petits enfants comme toi et les serviteurs, or les petits enfants ne valaient pas grand-chose dans ce temps-là et encore moins les serviteurs. Certains préfèrent être des maîtres qui dominent plutôt qu’être au service des autres. Jésus a enseigné à prier pour nos ennemis et à répondre au mal par un bien plus grand.

Comme tu peux voir, Jésus a beaucoup déplu à plusieurs personnes importantes qui ne voulaient pas changer leur cœur. Elles sont devenues plus méchantes encore et l’ont fait tuer sur une croix.

Mais l’amour de Jésus est si fort que même la croix il l’a transformée en chemin de vie, car dans les ténèbres du mal, il a fait jaillir la lumière en répondant à la cruauté par le pardon.

La croix est devenue le symbole de son amour pour nous.

Cet amour de Jésus nous guérit, nous pardonne et nous donne la force d’aimer nous aussi. Il est si puissant qu’il traverse même la mort qui devient un passage vers une vie nouvelle dans la résurrection de Jésus. Mais ça c’est une autre question…

« Tout ce qu’il fait est admirable » Mc 7, 37
Août 2016

Jésus est venu inaugurer le Royaume de Dieu, c’est-à-dire une société alternative qui n’est pas fondée sur l’esclavage et l’exploitation de la misère, mais sur la coopération, l’entraide et le partage. Dans cette société, l’argent est un symbole qui permet l’échange de biens et de services. Ainsi le Royaume de Dieu n’est pas contre les entrepreneurs, les gens qui ont des idées pour l’amélioration de la société et pour faire fructifier la terre et les talents reçus. Au contraire!

Jésus a travaillé, Joseph aussi, les apôtres aussi et s’ils ont tout quitté pour l’annonce du Royaume c’est du fait de l’exceptionnelle réalité dans l’histoire du monde de l’événement Jésus. Il fallait tout quitter pour participer à cette mission unique, pour y consacrer sa vie, son temps, son énergie. C’est ce que dit d’une manière rayonnante le livre de la sagesse.

Salomon affirme avoir préféré la sagesse à tous les biens convoités par les hommes et il en nomme sept. Le pouvoir, les pierres précieuses, l’or, l’argent, la santé, la beauté et même le bien le plus grand la lumière, car la clarté de la sagesse ne s’éteint pas. La sagesse donne une richesse incalculable.

Jésus est pour nous cette sagesse annoncée. Il est le trésor qui n’a pas de prix.

Dans sa mission de semeur, Jésus est surpris par un jeune homme troublé qui court vers lui et tombe à genoux devant lui. Les seuls qui courent après Jésus et tombent à genoux à ses pieds sont les possédés et les lépreux. Cet homme est manifestement angoissé. Bon maître, dit-il, que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle?

Jésus, bousculé par les attitudes de ce jeune homme, lui répond vivement : pourquoi m’appelles-tu bon? Et il lui rappelle les commandements. Il en ajoute un cependant : ne fais de tort à personne. Tiré du livre du Deutéronome ce verset demande de ne pas léser les travailleurs que l’on emploie. Le jeune homme affirme avoir fait tout cela depuis sa jeunesse.

Jésus lui dit : une seule chose te manque. Puisque tu as accomplis toute la Loi et que tu es toujours angoissé et préoccupé, débarrasses-toi de tous tes biens, donnes-les aux pauvres, puis viens et suis-moi.

 Il est venu pour avoir plus, Jésus demande de donner plus. Il croit posséder des richesses, mais ce sont ses richesses qui le possèdent. Le mal qui le possède est plus grand que celui du possédé ou du lépreux, car le mal n’est pas extérieur à lui, mais à l’intérieur. Jésus exclut donc le riche de la communauté des disciples.

Ces derniers sont estomaqués. Trop contents d’avoir quelqu’un qui pourvoirait aux besoins de la communauté, ils ne voient pas comment ils vont aller de l’avant si Jésus se met à refuser ceux qui ont de l’argent.

Cette belle page de l’Évangile nous montre que l’on n’entre pas dans la foi avec nos richesses, quelles quelle soient. À 2 000 ans de distance, force est d’admettre que notre société est encore inspirée par Lui. Nous acceptons en effet qu’une (bonne) partie de l’argent de notre travail serve à l’aide sociale, aux personnes malades, à l’éducation, à la justice. Nous savons aussi que notre société est fragile du fait que le capitalisme social a été remplacé par un capitalisme financier ou les puissants jouent au casino de la Bourse l’argent des épargnants et des retraités. La situation est tellement critique que plusieurs ne voient plus de solutions. Ce système malade ressemble au jeune homme riche qui court et s’agenouille devant un sauveur pour gagner le gros lot éternel.

 Jésus ne peut donner raison à ce système. Le seul espoir est un réveil spirituel. Humainement la situation est désespérée. Il faut donc faire nôtre la parole de Jésus :

Pour les hommes c’est impossible, mais pas pour Dieu car rien n’est impossible à Dieu.

Mc 10,17-30
28e dimanche de l’année B

Ce soir, comme à tous les jeudis saints nous célébrons l’origine de l’eucharistie. Le repas du Seigneur fut d’abord célébré dans les maisons par les premiers chrétiens. Ceci parce que l’Église commençait, parce qu’elle a été persécutée et plus profondément parce qu’il est dans la nature de l’eucharistie d’être domestique. C’est l’ancien – le presbytre- qui présidait et rassemblant autour de lui une quinzaine de personnes selon l’endroit, commentait les Écritures qui étaient alors ce que nous appelons l’ancien testament et les dits et faits de Jésus tels qu’enseignés d’une manière orale par les apôtres. Très tôt, ces dits et faits ont été mis par écrit et sont devenus les Évangiles. Les Évangiles sont donc écrits pour l’eucharistie et sont nés de l’eucharistie. Ensuite le président rendait grâce et présentait le pain rompu et le vin versé en mémoire du ressuscité, présent au milieu de l’assemblée réunie en son nom. Les Évangiles ne sont donc pas des textes destinés à être lus en privé mais plutôt pour la lecture publique dans un climat de prière. On sait aussi que les chrétiens se réunissaient dans les catacombes, en cachette pour se réunir et faire eucharistie.

Une question se pose ici : pourquoi les chrétiens étaient-ils persécutés? Non pas parce qu’ils s’habillaient différemment des autres. C’est leur manière de vivre qui choquait leur entourage. Ils refusaient d’honorer l’empereur comme un Dieu et de sacraliser l’empereur. Ils croyaient que l’empereur n’était qu’un homme, même s’ils respectaient sa fonction. Ils avaient donc une liberté de conscience qui irritait au plus haut point l’autorité. Le monde hyper violent et profondément païen de l’empire les scandalisaient. Le monde romain était divisé entre les citoyens libres et les esclaves. Ils refusaient de sacrifier aux idoles dont on trouvait des temples partout et dans une grande diversité souvent entachés de superstitions. Mais ce qui est intéressant pour nous c’est qu’ils étaient convaincus du retour imminent du Seigneur et de la fin des temps. La conséquence c’est qu’ils n’avaient pas peur de la mort puisqu’ils avaient une autre conception de la vie et de l’humanité.

La vie humaine n’était pas faite pour dominer et s’enrichir à tous prix, mais pour servir et partager. Ils croyaient que nous sommes de passage sur la terre et que Jésus a ouvert les portes de la mort, puisqu’il a comparé la mort à une semence que l’on met en terre et qui ne donne sa pleine mesure que lorsqu’elle consent à mourir à ce qu’elle est, pour donner des fruits en abondance. Les valeurs de la compassion, la force tranquille de la douceur, l’amour de la justice, la recherche de l’amour fraternel où personne aux yeux de Dieu ne vaut plus qu’un autre.  Tout cela avec le respect des petits, des exclus, à qui Jésus s’est identifié et qui est devenu l’un d’eux; sans compter le respect des enfants, les valeurs familiales plus importantes que tout; cela allait créer un nouvel humanisme, une façon de vivre, de souffrir, d’espérer et de mourir sous l’inspiration constante de l’Esprit du Seigneur.

Lui, Jésus qui était Dieu s’est révélé comme le plus humain d’entre nous, pour nous appeler à devenir humain comme lui, en renonçant à nous prendre pour des Dieux. Dieu n’était  plus le très haut, le très loin au-delà de tout, mais comme le plus intime en soi-même. Nous n’étions plus des étrangers les uns pour les autres comme des îles que les océans séparent, mais comme les membres interdépendants de son Corps.

Cet humanisme s’est répandu comme une trainée de poudre dans toute la méditerranée par les apôtres de feu : Paul, Pierre, Barnabé et leurs collaborateurs et collaboratrices. La structure était souple. Pas de temples gigantesques, une hiérarchie minimaliste : un ancien, des catéchètes, des diacres et diaconesses, des évêques et un successeur de Pierre élu.

J’en viens maintenant au geste du lavement des pieds qui a plusieurs significations. Il a lieu pendant le repas et non avant, car il n’est pas nécessaire de se purifier pour rencontrer Dieu puisque c’est en le rencontrant – sous la figure du Serviteur qui lave les pieds – que l’on devient pur. C’est en rencontrant le Christ que l’on devient pur, c’est en accueillant son amour que l’on devient aimant. Ce n’est pas parce que l’on est aimable que Dieu nous aime, mais c’est parce qu’il nous aime que nous développons nos capacités d’aimer. (Cela est mille fois vérifié par l’expérience)

Ainsi Jésus prépare ses disciples à le reconnaître dans sa croix. Il choisit en effet non de dominer mais de servir. Il associe ses disciples à la croix par son geste. ‘’Si je ne te lave pas les pieds tu n’auras pas de part avec moi,’’ dit-il à Pierre.

Enfin en nous disant d’être au service les uns les autres Jésus nous rappelle que si nous devons faire les choses sérieusement nous ne devons pas nous prendre au sérieux : nous sommes des serviteurs! On ne peut s’identifier à des rôles et à des fonctions. La plus grande chose que nous puissions faire en Église c’est d’être au service les uns des autres. C’est ainsi que la vie du Seigneur circule, en renonçant à la relation de maitre et d’esclave. C’est à ce signe que l’on saura que nous sommes ses disciples, en nous lavant les pieds les uns les autres.

de Luc Bouchard
Jeudi saint 2015

Après tout ce que nous avons entendu de beau, je voudrais vous partager trois réflexions :

  1. Hier, 14 février, nous avons célébré la Saint-Valentin, la fête de l’amour. L’amour célébré au cours de cette journée est ce que j’appellerais l’amour romantique, cet amour comblant qui existe entre deux personnes et qui fait que l’on se sent bien ensemble et qu’on a envie et besoin de se retrouver seul à seul.
  2.  L’amour que nous propose Jésus va plus loin, franchit une autre étape. L’amour, tel qu’il nous est proposé dans l’Évangile, peut prendre différents noms selon les circonstances. Parfois, il devient patience quand le romantisme disparaît et qu’on s’installe dans la vie à deux pour de nombreuses années; l’amour des parents pour les enfants se fait aussi souvent patience. L’amour peut prendre encore le nom de pardon quand des conflits, des difficultés de relation causent des blessures. Devant des frères et des sœurs démunis, il peut prendre le nom de partage, de solidarité.
  3.  L’Évangile qui vient d’être proclamé nous propose encore une autre étape; l’amour, tel que Jésus nous l’enseigne, nous pousse à dépasser nos limites, nos répugnances. Un lépreux vient à la rencontre de Jésus. Il souffre d’une maladie terrible qui non seulement détruit son corps physique et le rend difficile à regarder, mais qui aussi l’exclut de toute vie communautaire. Il ne peut vivre qu’avec d’autres lépreux. Il ne peut entrer dans un village, ne peut fréquenter le temple ni la synagogue. Les gens bien portants n’ont pas le doit de l’approcher. C’est un être impur, sûrement victime d’un châtiment divin à cause de ses péchés. Jésus se laisse approcher par cet homme; il brise ainsi un tabou social. Il va au-delà des limites que lui imposait la Loi. Il va toucher cet homme « légalement » impur pour le guérir.

On raconte que François d’Assise, au début de sa conversion, se promenait un jour à cheval dans la campagne. Il devenait sensible aux misères sociales de son époque, mais il avait une grande répugnance pour les lépreux. Ce jour-là, il arriva face à face avec un lépreux qui lui tendait la main dans l’espoir de recevoir un peu d’argent. François sauta de son cheval et vint embrasser ce lépreux. Il venait de franchir sa limite, sa répugnance en aimant à la manière de Jésus.

L’amour que nous célébrons ici aujourd’hui à Saint-Eustache nous pousse dans cette direction. Que le Seigneur nous donne la force d’aimer, nous aussi, jusqu’à dépasser nos limites et nos répugnances. Qu’il nous permette de voir dans tous nos frères et sœurs, quelles que soient leur limite ou leur apparence, des fils et des filles de Dieu dignes d’être aimés.

de Mgr Pierre Morissette15 février 2015

Le Dieu de Jésus est un Dieu incompréhensible dans sa justice, puisqu’il fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants; incompréhensible dans son amour, puisqu’il nous dit: si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, que faites-vous d’extraordinaire ? Un Dieu qui se préoccupe des besoins des ouvriers de la dernière heure et non pas des heures travaillées. Un Dieu qui ne demande pas de s’élever jusqu’à Lui, tâche impossible, mais qui demande de l’accueillir en Celui qui descend vers nous, vers notre humanité.

Un Dieu qui pédagogiquement et la bible est exemplaire ici, transforme nos images de Lui: du Dieu terrifiant vers le Dieu tout-aimant, d’un Dieu des armées au Dieu désarmé, d’un Dieu insensible voire indifférent vers un Dieu père qui veille sur nous, d’un Dieu sévère vers un Dieu Esprit et créateur, d’un Dieu abstrait et lointain vers un Dieu proche et humain, d’un Dieu des sacrifices vers un Dieu de la miséricorde et de la fidélité.

Nous espérions tous une bonne vie, comme tout le monde et cela ne dépend pas toujours de nous. Il n’est pas du ressort des ouvriers de la dernière heure d’être de la dernière heure, puisque personne ne les as embauchés! La bonne vie dépend de multiples conditions sur lesquelles nous n’avons pas de pouvoir. Mais s’il s’agit d’avoir une vie bonne, cela est en notre pouvoir.

Pour cela il nous fait toujours réapprendre (conversion) à :

  • Ne pas nous inquiéter
  • Ne pas s’irriter
  • Ne pas se plaindre
  • Ne pas se presser

Mais il est permis d’avoir soin et souci des autres, du monde et de nous-mêmes. De vibrer de colère contre l’injustice et la bêtise. De se plaindre à Dieu. Et d’ôter implacablement tout ce qui est inutile de nos vies.

(Ces dernières paroles sont inspirées du livre de Maurice Bellet La quatrième hypothèse aux pages 68 et suivantes.)
de Luc Bouchard
2014

L’évangéliste Luc nous dit que Jésus faisait bon accueil aux pécheurs et même qu’il mangeait avec eux.

Jésus fréquentait les infréquentables selon l’interprétation de la Loi des pharisiens et des scribes.

En effet les pharisiens voulaient vivre séparés des impurs et des pécheurs. Rappelons que le mot pharisien veut dire séparé. Jésus accepte le risque du mélange car il voyait autrement les exigences du sabbat, du pur et de l’impur et de la relation à Dieu.

Est-il possible de fréquenter des étrangers et des gens différents de nous sans devenir un peu comme eux et n’est-ce pas la seule façon qu’ils deviennent un peu comme nous ? Le dialogue est à ce prix, mais c’est un risque que Jésus a pris. En choisissant le camp des exclus et des pécheurs, il en a subi les conséquences. Il a été rejeté et traité comme un criminel selon la fameuse maxime : dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es.

Pour lui les publicains et les pécheurs étaient comme des brebis laissées à elles-mêmes qu’il fallait aller chercher et trouver.

Jésus a voulu nous sortir de la dualité qui fait croire à tous les groupes, quels qu’ils soient : nous nous sommes les bons, les autres sont les méchants. Pour lui, les supposés bons ne sont pas sans hypocrisie puisqu’ils méprisent les autres et les supposés méchants ne sont pas sans bonté puisqu’ils accueillent sa Parole.

Et voilà que nous devenons tout mêlés : il y a du bon dans les méchants et du mauvais dans les bons ! On est alors obligé de se parler, d’aller les uns vers les autres pour nous réconcilier et permettre que l’ère de l’humanité arrive enfin, au-delà des divisions séculaires.

Souhaitons que l’Esprit à l’origine de l’action de Jésus soit aussi le nôtre comme paroisse de Saint-Eustache.

Esprit de dialogue, de recherche de la justice, d’ouverture à Dieu où qu’il se trouve, sans renier ce que nous sommes, mais sans nous complaire en nous-mêmes. Soyons animés de cette certitude que l’humanité rêvée par Dieu ressemble davantage à une courtepointe bigarrée et diversifiée aux multiples facettes et couleurs qu’à une nappe uniforme et d’une seule trame.

de Luc Bouchard
15 septembre 2013